Sa gorge et ses yeux la brûle, sa tête est douloureuse, comme si elle avait été assommée, ses mains sont écorchés et ses membres douloureux et ankylosés. Elle a l’impression de s’éveiller après une longue nuit pleine de cauchemars et d’angoisse, un peu comme si elle avait dormis enfermée dans un cercueil. Elle se redresse en laissant s’échapper un gémissement et regarde le paysage torturé qui s’offre à elle. Roche rouge et vapeur, ciel aussi noire que la nuit mais sans la profondeur ni la lueur des étoiles, rouille et sang sont les teintes principales d’un horizon torturé.
Elle se met sur ses genoux et frotte ses yeux comme si elle pouvait chasser une hallucination. La douleur dans ses membres lui assure qu’elle n’est pas en train de rêver même si elle préférerait. A quelques mètres la silhouette d’une cité ce découpe. Pointes dressées vers le ciel, images d’une ville à la fois ancienne et contemporaine, hors du temps, comme une tache sur un dessin de Jérôme Boche.
Anaïs se redresse. Elle porte un vieux Jeans élimé, troué aux genoux et un pull beige avec un col danseuse qui se baisse sur les épaules, mais elle les remonte sur le cou comme si elle avait froid. Elle est d’ailleurs incapable de savoir si elle à froid ou chaud, perpétuellement gênée, comme si la température était à la fois trop fraîche et trop élevée.
- « Il y’a quelqu’un ? » Demande-t-elle d’une voix timide. Si basse que même si quelqu’un avait été présent à quelques mètres il n’aurait entendue qu’un simple murmure. Elle ne sait pas encore si elle doit angoisser ou chercher qui est le maître de cérémonie d’une blague aussi débile. Pour le moment elle à envie de pleurer. Elle se met en marche vers la cité. L’odeur de souffre est plus forte chaque fois que ses pieds soulèves un nuage de poussière du sol et la rocaille est désagréable. Derrière elle la brèche s’éloigne petit à petit.